Procès de Bartholomé Thunsen

gn 2006.

Modérateurs: Yuccaman, Orgas Alchimie.

Procès de Bartholomé Thunsen

Messagede Neox » 01 Déc 2005, 22:54

Procès de Bartholomé Thunsen, pour utilisation hérétique de l'Alchimie et vente d'esclaves

L'Ombre s'étend tel un linceul sur le monde d'Hybras... Les temps dits heureux sont désormais révolus et ont fait place aux épidémies, à la famine, la misère et le chaos. Même la foi en Notre Sauveur semble chanceler telle la flamme d'une bougie sous le vent des changements...

Pourtant, même si je ne peux me résoudre à penser qu'un avenir meilleur nous attend, je ne cesse pour autant de faire mon travail et de le faire du mieux que je puisse...

La dernière affaire que j'ai eu à charge a été, ma foi, fort compliquée et longue... Le nom de Bartholomé Thunsen m'était parvenu aux oreilles, lors d'un séjour dans les territoires Lerdan, non loin de la zone franche délimitant les frontières entre notre Saint Empire de Tashal et le Varelmaar, pays de barbares hérétiques...

D'après les rumeurs, cet homme revendiquait sans aucune discrétion, sa connaissance dans le domaine hérétique de l'alchimie et proclamait qu'il était marchand d'esclaves...

La première question qui me vint à l'esprit en écoutant ces rumeurs, était de savoir, comment un tel homme avait pu passer au travers des mailles du filet de l'Inquisition depuis tant de temps... Mais je savais aussi que l'heure de cet hérétique était venue et que désormais ces jours étaient comptés....
Mais c'était alors sans savoir ce que l'avenir réservait au monde d'Hybras...

Une invasion venue du Varelmaar ravagea entièrement les territoires Lerdan et je perdis alors de vue l'homme que j'avais pris en chasse... Les événements s'acharnèrent encore et toujours : le schisme de l'église en deux mouvances opposées provoqua d'énormes bouleversements au sein de mon ordre qui devint par la même, Garde Impériale sous le régime de Guerst Balrons, le nouvel Empereur.

Mes prérogatives du moment n'étaient alors plus de chasser l'alchimiste hérétique, mais cependant a aucun moment, je n'ai pu l'oublier...Des années passèrent ainsi, et une heureuse coïncidence, ou tout simplement ma foi en la Justice me fit recroiser le chemin de ma proie...

La première fois que j'apercus l'homme qui se prénommait Bartholomé, j'eus un sourire en pensant qu'il ne pouvait être celui que je recherchais depuis tant d'années. Il semblait être une personne indigne d'intérêt et pourtant malgré ce sentiment, je savais que c'était lui et qu'il me fallait l'appréhender et le juger...

Le procès ne fut pas sans peine... Sa fille, une dévote de Ste Marialena semblait prête à tout pour son père, malgré qu'elle n'eut jamais infirmé les accusations portées contre son géniteur...

Après maintes heures de questionnement et même parfois de torture, l'homme avoua enfin ces méfaits. Effectivement, il était bien un marchand d'esclaves et avait vendu pendant des années ces marchandises au Baron du Varelmaar pour un obscur projet. Effectivement, il connaissait l'alchimie mais prétendait qu'il était piètre disciple dans cette science hérétique.

Le procès fut retentissant car la situation politique de l'Empire était au plus mal, et la mouvance loyaliste de l'Eglise tentait chaque jour d'imposer son autorité face à la mouvance orthodoxe qui avait encore plusieurs appuis populaires, ce jugement pour hérésie devenais un enjeu politique... Des troupes armées durent intervenir devant le bûcher afin que la population désespérée ne linche pas le condamné...

L'odeur âcre et asphyxiante du bûcher vint enfin emplir mes narines... Le jour tant attendu était enfin arrivé, je pouvais désormais enfin me consacrer à une autre tâche, satisfait de savoir que l'hérésie avait perdu du terrain face à la Foi en Notre Sauveur...

Ce procès aura été un exemple pour tous et montra que malgré les événements bouleversant l'Empire de Tashal, l'hérésie n'a toujours pas sa place et sera traquée et chassée à jamais...

Puisse Notre Sauveur venir en aide à ces brebis égarées qui sont tentées par l'hérésie au détriment de la seule et unique voie de l'Eglise...

Guberth Orfmarch
Inquisiteur de l'Ordre de St Elme

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De là haut je vous contemple, pauvres fous...

Bartolomé ferma les yeux quand la lueur de l'aube vint frapper ses yeux depuis trop longtemps privés de la douce lumière du soleil. Celui-ci dardait à présent ses rayons aveuglants sur ce pauvre hère, semblant l'accuser à présent, comme tous ces soldats et ses inquisiteurs l'avaient fait ces dernières semaines.

Il avait fini par avouer être le dépositaire du savoir interdit que lui avait enseigné le vieil homme ainsi que bien d'autres fautes imaginaires, ses bourreaux écrasant ses derniers retranchements et poussant la torture à un point tel qu'il lui était incapable à cette heure de se rapeller tout ce qu'il avait pu avouer.

Les révélations sur le commerce de ses esclaves étaient prévisibles, bon nombre de détracteurs s'étaient présentés lors de son procès qu'il avait reconnu pour les avoir croisés en terres varelles. Ses mésaventures là-bas avaient eu des répercussions plus que néfastes sur son commerce, lui faisant perdre des fonds immenses...

Le projet de percement du canal n'avait pas abouti non plus, les ingénieux primates expérimentant à tort et à travers et dilapidant ses fonds plus vite qu'il ne pouvait les rassembler. Bartolomé avait alors tenté d'user des connaissances interdites pour se refaire un peu mais une fois de plus, son projet avaient avorté.

Il avait été finalement capturé par une sombre journée, alors qu'il se rendait à un rendez-vous avec un client potentiel. Il aurait dû se douter qu'il s'agissait d'un piège mais, préférant croire en sa fortune, il avait ignoré son instinct qui lui criait de renoncer.
S'était alors engagé une course-poursuite à travers les venelles glissantes puis ensuite sur les toits de la cité. Combien Bartolomé avait haï ce jour où il avait dû relacher M'Afta sur la menace du baron. Le Félys n'aurait fait qu'une bouchée de ses poursuivants...

Les bruits de la foule finirent par arriver aux oreilles de Bartolomé alors que les gardes l'accompagnaient au dehors. Ce fut lorsqu'il passa avec son escorte la courtine du fort que la rumeur qui couvait enfla et se transforma à son apparition en vociférations hargneuses et en jurons de toutes sortes qui s'entremêlaient en un magma discordant, blessant ses oreilles autant que la lumière l'avait agressé quelques minutes auparavant.

Pour avoir longtemps pris soin de sa personne pour impressionner ses clients, une des règles fondamentalse de tout marchand, il avait conscience de son état de délabrement physique et de la saleté qui l'imprégnait comme une éponge retient l'eau en son sein.
Sale, mal rasé, il avait passé d'innombrables jours et nuits au fond de son cachot avec pour seuls compagnons les rats. Même sa fille, pourtant dévote et forte de quelques appuis n'avait pu l'apercevoir qu'aux rares instances de son procès. Il avait bien ressenti le jeu qui était monté autour de celui-ci, les juges et les témoins se présentant en un ballet ininterrompu d'accusations qui n'aurait pour seule issue que la condamnation au bûcher.

Arguments et témoignages s'enchaînaient comme le discours habile du marchand qui emerveille le client et attire le pigeon, le mênant avec ou contre son gré à l'achat. Bartolomé avait parvenu à fuir durant tout le procès le regard de Sacha mais il savait qu'il ne pourrait se soustraire éternellement aux yeux de la seule qui comptat vraiment pour lui.

La foule houleuse s'agitait et les gardes dûrent à plusieurs reprises forcer le passage, leur convoi étant bloqué par des pélerins venus assister au navrant spectacle qui se dressait sur la plus grande place de la ville, parée telle un théatre de ses plus belles couleurs pour accueillir la triste pantomine.

La situation menaça de tourner plusieurs fois à l'émeute mais les gardes réussirent finalement à atteindre le lieu de l'éxécution. Bartolomé ne savait pas quel sort il aurait préféré, entre le lynchage et le bûcher mais il préférait autant ne pas avoir à choisir.

Aux frontières du désespoir, Bartolomé tâchat de faire bonne figure et d'affronter la mort en face. Montant sur l'estrade, il se laissat ligoter en promenant hautainement son regard sur la foule rageuse qui grondait et hurlait comme une mer en furie.
Ce fut à cet instant que ses yeux se posèrent sur Sacha.

Envolée alors toute sa résolution, disparu en fumée son courage ! Il se laissa aller aux larmes en contemplant le tendre visage de sa fille, ce doux regard plein de pitié et d'amour silencieux.
Les larmes coulaient et troublaient sa vision mais elle, il la voyait comme si tout le monde extérieur s'était effacé. La rumeur de la foule disparut soudain et il ressentit alors le contact que sa fille et lui avait noué au fil de toutes ces années, sa tristesse et sa peine s'effaçant alors qu'il se noyait dans son regard d'amour.

Il ne sentit même pas les flammes l'atteindre et dévorer les haillons qui le couvraient, vestiges de ses lourds brocards à présent mangés aux vers. Il ne sentit même pas la chaleur qui le dévorait, la fumée qui l'asphyxiait, les crépitements du feu purificateur qui le lavait enfin de tous ces soucis matériels...
Il ne sentait que cet amour poignant et rassénérant qui le mena dans la mort avec des larmes de bonheur à la commissure de ses yeux desséchés.

Alors, Bartolomé Thunsen mourrut.

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Dans les Coulisses...

Alvaro contemplait la foule avec dégout, il ne connaissait que trop bien la bestialité de la vindicte populaire dont son peuple etait si souvent la victime. Encore une fois il entendait les beuglements enragés qui faisaient écho à sa mémoire : "sorciers! voleurs! parasites!"

Puis son regard s'arréta sur le sacrifié. Pauvre Thunsen, il n'avait du rien comprendre a sa mésaventure, parfois le Destin rattrappe ceux qui se jouent trop de lui. Alvaro esquissa un sourire cynique pour le persécuteur devenus persécuté.

Un homme plein de ressources ce Thunsen pensa t il, mais qui à coup sur ne savait pas les utiliser à bon escient... Il tapota la sacoche sur son flanc pleine à craquer de precieux manuscrïpts griffonnés et de notes expérimentales alchimique.

Le Roi Misère serait certainement tres satisfait de l'aboutissement de son plan et le remercierai grassement pour avoir ainsi oeuvré pour la cause du peuple Zylvin!

Alvaro jeta un dernier clin d'oeil au chasseur de primes qui se tenait aux cotés de l'Inquisiteur Orfmarch puis disparut dans une ruelle sombre.

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ludwig balrons lu le compte rendu du procès à son retour pour le moins précipité du brahmapour... confortablement installé dans ses appartements, vêtu d'un manteau sombre, cette missive avait attiré son attention car il avait eu l'occasion de rencontrer cet être étrange qu'était Bartholomé.

la façon de manger d'une personne est bien souvent révélatrice de son caractère... en l'occurence BArtholomé mangeait avec une voracité et une saleté qui en disait long sur lui-même... Ludwig alla jusqu'à se demander ce qui pouvait pousser un être humain à faire commerce de ses semblables... certes la vente trouvait bien souvent ses fondements dans la trahison, mais tout de même...

cela faisait donc un marchand d'esclave en moins... et une orpheline à aider. Il appela son secrétaire et lui dicta les mots suivants:

très chère Sacha,

j'ai appris la tragique nouvelle il y a peu. Certes, et vous le saviez depuis longtemps, votre père se rendait coupable de bien des crimes, mais cela n'enlève en rien le chagrin et la honte qui sont surement votres, tant je vous sais être une âme pure et
dévouée aux autres.

pour vous avoir croisé en Varelmaar, je sais combien le soutien aux plus démunis est votre priorité... j'ose espérer que les épreuves que vous traversez n'auront en rien abattu votre détermination en ce sens.

notre empire a besoin de personnes comme vous, et, dans une moindre mesure, comme moi. j'ai dans l'idée de créer une institution dont le but serait de venir en aide aux victimes des maux qui dévastent l'empire. Composée de gens de foi, dévoués aux autres, cette institution agira partout où l'on aura besoin d'elle. soigner, écouter, rassurer seront ses priorités.

Pour mettre en place et la diriger il me faut une personne telle que vous. c'est pour cela que je vous invite à me rejoindre. je tenterait par ailleurs d'intercéder auprès de l'inquisition pour que les biens de feu votre père soient utilisés afin de financer une partie de ce projet. ainsi, son oeuvre n'aura pas servi qu'à faire le mal, et il pourra ainsi, dans l'au-delà, racheter ses fautes.

sachez, très chère Sacha, toute l'estime que je vous porte.
votre dévoué,
Ludwig Balrons.

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Monseigneur Ludwig Balrons,

Je viens de recevoir à l’instant votre missive et je vous en remercie. Mon père avait bien des défauts, et comme tous, il n’était pas parfait. Je trouve sa mort – comme toutes les morts - très injustifiée. Mon chagrin est tel que j’avoue perdre moi-même goût en la vie parfois. Cependant, ne vous inquietez pas, ma determination d’aider les autres n’a guère changer.

Vous désirez créer une institution qui aide les êtres démunis. Cela est une très noble et belle cause, je ne peux que vous aider dans cette création. Si je dois intervenir auprès de l’Inquisition pour que les biens de mon père vous aident, sachez très cher, que je le ferais.

Que comptez-vous faire réellement au sein de votre institution ?
Où comptez-vous agir ?
Désirez-vous que j’en parle à l’une de mes supérieures, je vous prie ?

Bien à vous,
Votre dévouée,
Sacha.
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