Récits

Murder 2007

Modérateur: Orgas Alchimie.

Récits

Messagede July » 05 Juin 2007, 12:51

Le glas des Sabatéens

Les Félys… Ce mot résonne dans ma tête comme un glas. Le glas de la fin tragique de mon village et de tous ses habitants. Le glas annonciateur de la fin des tribus Sabatéennes et de l’unité du Royaume du Brahmapour…

Je me souviens encore de ce Félys qui apparut un jour aux portes de notre village et qui semblait venir en paix. Pour nous, Sabatéens, les Félys n’étaient pas des animaux comme le pensent la plupart des humains. La nature et sa richesse sont imbriquées au plus profond de notre culture et nous respections autant un Félys que n’importe quelle autre race. Nous étions même admiratifs de la puissance guerrière de ces hommes félins et lorsque quelques escarmouches survenaient avec les Félys, nous étions fiers de pouvoir combattre face à de tels guerriers.

Je note tout cela afin que vous compreniez que mon village avait accueilli avec défiance mais aussi beaucoup de respect ce Félys qui semblait malgré tout étrange… Il s’annonça en tant que prêtre du Dieu Azhonta. Nous connaissions assez la mythologie Félys pour savoir qu’Azhonta était le dieu de la révolte mais nous n’avions alors pas pris en compte ce détail qui nous amena à notre perte…

Ce Félys désirait nous faire entendre les révélations qu’Azhonta avait faites. D’après lui, la cité des Dieux avait été retrouvée et leur message était désormais clair et sans ambiguïté. Une nouvelle ère venait de commencer et il fallait choisir son camp… Nous ne comprenions pas les paroles de cet étrange prêcheur qui ne parlait que par métaphores et qui semblait bien au-delà des réalités de notre monde. Il ne resta qu’une nuit dans notre village et il fut accueilli avec le respect du à celui d’un homme de foi, même si cette dernière n’était pas la nôtre.

Les temps et la civilisation que nous connaissions tous depuis les ancêtres de mes ancêtres semblaient, d’après ces dires, avoir atteint leur fin et que le temps du changement était venu. Lorsque ce changement surviendrait, plusieurs choix s’offriraient à nous mais qu’un seul réellement pourrait nous sauver : le rejoindre dans sa foi, prier Azhonta et renier à jamais nos croyances païennes…

Beaucoup des miens ne purent entendre plus de son discours et partirent, scandant que leur foi avait été transmise par leurs ancêtres depuis l’aube des temps et que rien au monde ne pourrait les faire changer… Le prêcheur Félys sembla ne pas les voir ni les entendre et continua son discours déroutant et dérangeant. Il semblait avoir une emprise totale sur certains des miens qui semblaient boire ces paroles comme si elles étaient la seule et ultime vérité…

Je commençais alors à me défier de ce Félys, tout de noir vêtu… Il n’était pas comme tous les Félys que j’avais pu croiser de mon vivant, il semblait venu d’un autre temps, d’un autre âge. Je n’arriverais pas à vous décrire le malaise grandissant qui me prenait dans ses griffes acérées, je sentais au plus profond de moi que ce discours était puissant mais une partie de mon être rejetait en bloc toutes les paroles que mes oreilles pouvaient entendre… Je restais malgré tout autour du feu afin d’entendre la fin de son discours et pouvoir juger en mon âme et conscience du fond de cette prêche…

L’aube survint plus vite que je ne m’y attendais, comme si la nuit avait préféré laisser sa place au jour plus rapidement qu’à l’accoutumée. Devant le Félys ne se tenait alors plus qu’une poignée des miens, la plupart étant partis dormir ou vaquer à leurs tâches journalières. Je restais en retrait ne pouvant m’approcher tout prêt de l’homme félin comme si une barrière invisible se tenait entre moi et le prêcheur…

Le Félys se leva enfin et comme un seul homme, tous ceux qui l’avaient écouté toute la nuit se levèrent et le suivirent. D’un pas serein, le Félys prit la direction de la Jungle ne semblant même pas s’apercevoir que plusieurs villageois le suivait. Le temps sembla s’arrêter et je ne fis aucun geste pour retenir ceux qui avaient été mes compagnons toute ma vie. Personne d’ailleurs dans mon village n’empêcha leur départ et ils disparurent enfin à la lisière de la Jungle d’Emeraude.

La nuit venue, la plupart d’entre nous ne comprenait toujours pas le départ de certains des nôtres, mais nous semblions incapables d’agir et nous n’arrivions pas à nous décider pour lancer une expédition dans la jungle pour les récupérer. De toute manière, cette tentative aurait été un échec car lorsque la lune fut haute dans le ciel, des centaines de guerriers Félys sortirent de la jungle et attaquèrent notre village.

Nous fûmes submergés en quelques minutes et le temps de récupérer nos esprits et de comprendre la situation, la plupart d’entre nous, étions déjà gisants au sol ou morts. Je ne dois ma survie qu’au fait de m’être évanoui après avoir reçu un coup à la tête qui aurait du être mortel. Je pense que les Félys m’ont considéré comme mort et m’ont laissé ainsi…

Le lendemain, lorsque j’ai ouvert les yeux, il ne restait rien de mon village à part des cendres et des dizaines de corps transpercés de coups ou déchiquetés par les griffes des hommes félins… Je sais maintenant que les autres villages vécurent la même nuit que nous… Mon peuple, les Sabatéens n’est plus et les rares survivants de ces nuits rapportent le même étrange récit que le mien et semblent aussi désemparé que moi…

Je me dirige désormais vers Bakara, vers le palais du Maharadjah, en espérant que ce dernier pourra nous venir en aide, mais je sais au plus profond de moi que la bataille est déjà commencée et que nous ne sommes pas prêts à affronter notre adversaire…
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Messagede July » 23 Juil 2007, 08:31

Les Léproseries


Comment définir ce qui se passe réellement dans les léproseries ? De quelle manière, puis je vous expliquer ce que je vois et vis au quotidien. Je n’arrive moi-même pas à comprendre ce qui se passe réellement depuis quelques années et cela m’inquiète au plus haut point. Les autorités ne semblent pas se rendre compte de l’importance de la situation et mes frères et moi se sentons pris au piège…

J’ai bien peur que certains hérétiques aient trouvé, en la Peste, un moyen de rassembler les plus pauvres d’entre nous autour d’une croyance et de leur faire croire des choses qui n’arriveront jamais. Je ne sais où l’avenir nous ménera, mais une chose est certaine, c’est qu’il est bien sombre et que certains se servent du désespoir et de la détresse des plus faibles d’entre nous pour se forger un empire…

Cela fait désormais quelques années que les léproseries ont vu le jour, afin de pouvoir aider au mieux, les personnes contaminées par le Fléau. Bien évidemment, je sais aussi que cela n’est que la raison officielle donnée par les autorités politiques et religieuses et que la vérité est bien plus monstrueuse et macabre que cela. Les léproseries ont été créées pour être des mouroirs et pour éviter que les populations saines, qui sont généralement les plus riches, ne puissent être contaminées par les pauvres hères atteints de ce Mal…

Je suis venu dans une des premières léproseries créées sur les terres Enders afin de pouvoir aider mon prochain, comme nous l’enseigne Notre Sauveur. Je ne pouvais me résoudre à voir mourir autant de gens innocents sans pouvoir les aider d’une quelconque manière avec mes maigres savoirs et ressources…

Cependant, la réalité m’a bien vite rattrapé et au bout de quelques mois, je me suis rendu compte que malgré toute l’attention et tous les soins que je pouvais prodiguer ainsi que mes frères prêtres, nous ne pouvions rien faire. La maladie semblait être résistante à toutes les formes de traitements que nous pouvions connaître, elle continuait à se propager tel un feu de brousse et nous ne pouvions rien faire pour endiguer l’épidémie.

Puis, après la disparition de l’espoir de trouver un traitement, est venu l’abattement puis le désespoir. Nous ne pouvions qu’aider à mourir dignement, les personnes qui venaient trouver refuge parmi nous. Nous ne pouvions rien et même si les malades le savaient eux aussi, ils venaient quand même pour chercher parmi nous, un certain réconfort et une dernière étincelle d’espoir…

Au fur et à mesure de leur enfermement, les pestiférés ont alors crée une société à eux à l’intérieur des léproseries. Nous étions devenus des étrangers dans leur monde et non plus des personnes essayant de les soigner et de les aider. Certains leaders sont apparus et ont commencé à prêcher de nouvelles croyances. Ils disaient que le Fléau n’était pas une maladie qu’il fallait considérer comme tragique. La Peste était au contraire un renouveau, une aide envoyée par Notre Sauveur, pour amener les plus mal lotis de notre monde, vers un avenir meilleur. La Peste était pour eux une bénédiction et non une malédiction.

Mes frères et moi, avons essayé de faire comprendre à nos malades, que ces hommes ne comprenaient pas ce qu’ils disaient et qu’ils n’étaient poussés dans ce discours que par le désespoir. Mais aucuns de nos efforts ne semblaient porter et bien vite, toutes les léproseries de l’Empire de Tashal vouèrent un culte à la Peste en tant que bénédiction d’Artamôn…

Comment faire comprendre à nos anciennes ouailles qu’ils se fourvoyaient dans une mauvaise voix, nous qui n’étions mêmes pas capables depuis toutes ces années de les aider ? Nous n’avions plus aucun argument et hélas, ceux que nous nommions les « Flagellants » car ils aimaient à se fouetter et à se torturer prétextant qu’ainsi ils se rapprochaient de notre Sauveur, n’hésitaient pas à empiéter sur notre incompétence pour mieux rassembler nos disciples…

Puis quelques années après le début du Fléau, j’ai entendu parler d’un remède que certains herboristes de renom avaient mis au point. J’ai alors tout de suite demandé à mes autorités ecclésiastiques de nous fournir l’antidote et ainsi pouvoir soigner ceux qui pouvaient encore l’être, car chaque jour arrivait de nouveaux cas.

La réponse qui me parvint fut comme un coup de massue. Les autorités religieuses refusaient de nous fournir l’antidote prétextant qu’il n’y avait pas assez de doses pour tout le monde et qu’il fallait avant tout soigner, les plus grands représentants du monde politique et religieux…

Les hommes et femmes que je soignais, ne possédant plus aucune richesse et n’en ayant même jamais possédé, se retrouvaient une nouvelle fois, prises au piège du pouvoir de l’argent. Le monde ne pouvait t’il pas faire sans cette soif d’argent ? Ne pouvait on pas dans une situation si macabre, faire un effort et voir au-delà des différences pécuniaires ou même des différences tout court ?

Le monde que nous avions connu était en train de s’écrouler et je me voyais dans l’incapacité de faire quoique ce soit. Je continue à prier chaque jour Notre Sauveur, en espérant que l’humanité comprendra enfin ces erreurs et qu’elle saura aller de l’avant, mais tous comme les pestiférés, mes espoirs s’envolent aussi vite que les jours les rapprochant de la mort s’écoulent…


Extraits du journal intime d’un Prêtre de l’Eglise de Notre Sauveur
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